Récit – traversée de l’Espagne

De Tarifa aux Pyrénées : l’itinéraire, des conseils pratiques, étapes, dénivelés, traces GPS et le récit de la traversée de l’Espagne à pied.


Sommaire

1 – GR7 de Tarifa à Antequera
2 – Camino Mozárabe à partir d’Antequera
3 – Caminos de Guadalupe
4 – Via de la Plata
5 – Camino Sanabrés
6 – Camino Inglés
7 – Côte Nord de Galice
8 – Des Asturies au Pays Basque
Fin du récit


Introduction

Démarrage au sud cette année. À Tarifa, difficile d’aller plus loin dans cette direction, mon chemin va donc naturellement se diriger vers le nord. Par où ? Le chemin n’est pas vraiment défini. À suivre donc.

1 – GR7 de Tarifa à Antequera

26 avril : Tarifa – El Pelayo
Le vent souffle à Tarifa. C’est un lieu commun, Tarifa est la capitale du vent. Le lieu n’est pourtant pas si commun. Tarifa est à la pointe terrestre la plus au sud de l’Europe, à la rencontre de deux mers et de deux continents. En face, Tanger et les côtes marocaines sont à portée de main, à une dizaine de kilomètres, de l’autre côté du détroit de Gibraltar.
Je touche les eaux de l’Atlantique puis celles de la Méditerranée. Il ne me reste plus qu’à prendre mon chemin. Je mets cap au nord pour un parcours dans cette Espagne de l’intérieur : Andalousie, Extremadure. Une Espagne traditionnelle, une Espagne rude, l’objectif de mon voyage.

Parc Naturel de l'Estrecho - Tour de Gualdalmesí
Parc Naturel de l’Estrecho – Tour de Gualdalmesí

Avant de m’enfoncer dans les terres, je chemine encore sur 13 kilomètres le long de la mer. Il fait une température idéale ce matin. Ce morceau de côte est sauvage, découpé. Peu de monde sur ce chemin, je vois surtout des vaches qui paissent tranquillement surplombant la mer et faisant face à l’Afrique. Puis après le déjeuner, je m’élève dans les terres. À El Pelayo, je domine le détroit de Gibraltar et son rocher. Ma première étape est courte, 18 kilomètres mais idéale pour débuter tranquillement mon périple.

27 avril : El Pelayo – Los Barrios

Il est curieux qu’une marche aussi anodine que celle d’hier réveille des muscles endormis. Je ne suis pas mécontent d’avoir attaqué par de petites étapes. Aujourd’hui, le démarrage se fait en douceur par une montée progressive sur une bonne piste forestière.

Rocher de Gibraltar et la baie d'Algeciras
Rocher de Gibraltar et la baie d’Algeciras

Elle domine en balcon le détroit de Gibraltar et son rocher. Les flancs des collines sont couverts de chênes lièges, los alcornocales en espagnol. C’est le nom donné au vaste parc naturel que je vais traverser pendant plusieurs jours. Comme hier, l’étape est courte. Elle est agréable. La campagne est encore verte, les prairies en fleur, la température idéale pour marcher. Le chemin facile, m’amène à Los Barrios pour déjeuner à l’heure espagnole.

28 avril : Los Barrios – Castillo de Castellar

Les vertes prairies épousent les formes arrondies des collines. Quelques vaches, une cigogne qui survole le chemin. Quelle est belle l’Alsace en cette fin avril ! Alors que l’hiver a refait son apparition ailleurs en France, ici la température est presque estivale. Au loin, le rocher de Gibraltar nimbé dans la brume matinale est là pour me rappeler que je suis bien en Andalousie. 
Je suis sensé faire le GR7 mais cela fait trois jours que je ne le suis pas ou à peine aujourd’hui sur un court tronçon. Et encore, je l’ai suivi sur une partie en direction de Los Barrios alors que j’en venais. J’imagine que ceux qui l’ont tracé ont du faire face à de nombreuses contraintes. De Los Barrios à Castillo de Castellar, au lieu d’emprunter d’anciens chemins directs, il fait de grands détours et longe en grande partie des routes. Qu’à cela ne tienne, les créateurs du sentier ont des contraintes auxquelles je vais tenter de m’affranchir. La sortie de Los Barrios passe bien sur un chemin balisé et aménagé par la municipalité. Ensuite après le tronçon GR7 pris à « contresens », je franchis un premier portail non cadenassé avec un panneau « Coto privado de caza » (Réserve privée de chasse), mais à priori pas d’interdiction de passage… Je poursuis sur une piste anciennement asphaltée jusqu’au col de Dos Hermanas. Là, les choses sont plus sérieuses. Je suis face à un portail cadenassé et un panneau « zone de vidéo-surveillance » guère encourageants…Je suis trop avancé pour avoir envie de faire demi-tour. Un passage à travers le grillage, aménagé par d’autres « contrevenants » me permet de passer. La suite du chemin, sur cette bonne piste, est sauvage. J’aperçois des chevreuils. Avant d’arriver à Castillo de Castellar, je trouve le portail de sortie, encore mieux protégé et toujours avec le panneau de vidéo-surveillance pour ceux qui viennent de l’autre sens. Je ne vois pas de caméra… J’escalade le portail et voilà comment j’ai raccourci l’étape de près de 10km et évité de longer la route. J’ai lu qu’il y avait eu des manifestations pour ce chemin redevienne public. J’ai juste un petit peu anticipé. 
Avant Castillo de Castellar, je suis cette fois sur le bon chemin, le GR7. Je vais maintenant le suivre plus conscencieusement les prochains jours. Il grimpe par une ancienne chaussée pavée jusqu’au château. Il est près de 14h et il commence à faire chaud. En été, cela doit être terrible. Il ne me reste plus qu’à trouver une chambre à louer pour la nuit auprès d’un particulier. C’est chose faite à l’intérieur du château, une grande chambre, un petit patio privatif et un site superbe qui domine la campagne jusqu’au rocher de Gibraltar.

Castillo de Castellar
Castillo de Castellar

29 avril : Castillo de Castellar – Jimena de la Frontera

Demain, début des hostilités avec plus de 35 kilomètres pour rejoindre Ubrique. La petite étape d’aujourd’hui est donc bienvenue. Je marche en fond de vallée sur un chemin agricole. Il file tout droit le long d’une voie ferrée. La campagne est déserte. Il n’y a pas âme qui vive. Parfois moments d’ennuis, à d’autres moments, je me laisse porter absorbé dans mes pensées ou alors à simplement jouir du bonheur de la marche, à écouter les chants des oiseaux, à sentir les odeurs de la campagne au printemps.
Seuls, le passage du train régional et un cycliste croisé rompront cette solitude. 
L’arrivée à Jimena de la Frontera offre une vue typiquement andalouse : l’ancien château arabe au sommet et les maisons blanches qui dégringolent la pente. C’est entre autre pour cela que j’ai choisi ce chemin. 

Jimena de la Frontera
Jimena de la Frontera

30 avril : Jimena de la Frontera – Ubrique

Cette partie de l’Andalousie est rude, loin des côtes bétonnées et des grandes villes touristiques. Jimena de la Frontera et Ubrique sont des petites villes, pourtant elles semblent endormies. Peu de touristes et à l’heure de la sieste, tout est calme. Le taux de chômage est de 34% en Andalousie. Une fois rajoutés les retraités, les jeunes, les femmes au foyer et ceux qui ne cherchent pas de travail, cela ne fait pas grand monde à travailler dans une ville. 
L’étape jusqu’à Ubrique donne un bon aperçu de ces montagnes andalouses. Sur plus de 30 kilomètres, pas de routes, pas d’habitations. Dans la montée au dessus de Jimena de la Frontera, je profite une dernière fois de la vue sur Gibraltar, les côtes africaines au loin et les maisons blanches de la petite ville en premier plan. Ensuite le chemin domine un paysage sauvage, typiquement méditerranéen. Parfois une ferme isolée, quelques ruines rappellent que ce chemin était emprunté par les paysans, marchands ambulants et contrebandiers.

Parc Naturel Los Alcornocales entre Jimena de la Frontera et Ubrique
Parc Naturel Los Alcornocales entre Jimena de la Frontera et Ubrique

Bien sûr pas un randonneur en vue, pourtant l’étape, malgré sa longueur, est agréable : souvent ombragée, en balcon sur la crête. Un tronçon dans un vallon offre un contraste étonnant. L’air est rafraîchi par les torrents, la végétation y est presque tropicale. Plus loin, le paysage se fait plus minéral. Enfin après 30 kilomètres, Ubrique apparaît en contrebas. Il me faudra quand même près de 2 heures pour y arriver. Arrivé à mon hôtel, j’ai 37 kilomètres et 1100 mètres de dénivelés dans les jambes. Le repos est apprécié !

1er mai : Ubrique – Montejaque

Hier soir, j’ai préparé mon repas dans mon appartement puis à l’heure où les espagnols passent à table, je suis allé me coucher. Les plantes des pieds ont chauffé, les muscles sont douloureux. J’envisage une étape de récupération pour le lendemain. Puis comme souvent, la nuit est réparatrice. Le matin tout va mieux. On pourrait presque dire que les 37 kilomètres de la veille ont dégrippé la machine. Ceux qui ne marchent qu’une semaine sont finalement plus courageux que les randonneurs de long cours, il faut bien une semaine pour que le corps s’habitue.
Aussi, arrivé à Villaluenga del Rosario, qui hier m’apparaissait le but maximum de la journée. Je n’hésite pas à poursuivre vers Montejaque pour une étape normale. Je profite de ce village pour une pause. Depuis mon départ, c’est la première fois que j’ai la possibilité de m’arrêter pour un petit café. En plus, je le partage avec le premier randonneur rencontré, un autrichien qui fait un circuit dans le parc de Grazalema. Jour férié oblige, il y a un peu plus de monde sur le chemin. Je croise un anglais qui me dit qu’un hollandais marche aussi sur le GR7 devant moi.

Villaluenga del Rosario - Sierra de Grazalema
Villaluenga del Rosario – Sierra de Grazalema

L’étape est à nouveau belle dans des montagnes avec un passage à plus de 1000 mètres d’altitude. Le relief karstique minéral offre un contraste saisissant avec les prairies verdoyantes. Les villages de Benaocaz, Villaluenga del Rosario et Montejaque, blottis contre les montagnes ajoutent une touche de blanc dans ce paysage. 

2 mai : Montejaque – Cuevas del Becerro

Je ne sais pas comment je trouverais mon chemin si je n’avais pas un GPS avec les traces préalablement téléchargées. Le balisage est très aléatoire. Difficile de compter sur celui-ci. Parfois il est présent sur un tronçon ; d’autres fois, on le retrouve à un endroit sans embranchement où le doute n’est pas permis ; le plus souvent, il est absent. C’est notamment le cas à partir de Ronda. Cette portion est plus urbaine et les espagnols ont dû juger qu’elle ne méritait pas d’être GR. Il y est pourtant plus facile de se perdre. Je me fie donc à la trace GPS. Heureusement, elle m’ote à plusieurs moments d’un doute. J’atterris, malgré tout à l’intérieur du golf, projet avorté, de Ronda. Je longe à un autre moment une route à forte circulation sans trop savoir de quel côté, les créateurs du GR ont envisagé de faire passer les randonneurs.

Ronda
Ronda

Je ne suis pas mécontent d’arriver au terme de l’étape. Elle a, à nouveau, été longue et la deuxième partie avec moins de reliefs, plus d’urbanisation et plus de bitume est moins agréable. Cuevas del Becerro est  une étape idéale. Village andalou typique et non touristique, j’y suis logé dans une chambre simple mais impeccable et à un prix abordable (15€). 

3 mai : Cuevas del Becerro – Ardales

Depuis le départ, j’ai traversé des zones de montagne où l’élevage prédominait. Des vaches, des moutons et des kilomètres et kilomètres de grillage partout dans les montagnes. Les professionnels du secteur ont dû faire de belles affaires dans la région !
Je suis maintenant dans une région de cultures. Que la campagne andalouse est belle au printemps ! Coquelicots et fleurs sauvages bordent les chemins. Le blé ondule avec le vent, passant du vert intense au vert tendre. Les oliviers et amandiers sont alignés au cordeau. Au fond, se dessine la forme des montagnes. 

Campagne andalouse à Ardales
Campagne andalouse à Ardales

Je chemine tranquillement dans cette belle campagne. L’étape est courte et j’en profite. Ardales est un nouveau beau village blanc. J’y arrive tôt. J’ai largement le temps de prendre ma douche, laver mon linge avant de passer à table pour déjeuner à l’heure espagnole.

4 mai : Ardales – Valle de Abdalajís

Je n’ai pas trop évoqué depuis le début la bière, la caña. Je ne me suis pas converti à d’autres boissons gazeuses. Elle est toujours autant appréciée notamment après l’étape d’aujourd’hui. 

Desfiladero de Los Gaitanes et le Caminito del Rey
Desfiladero de Los Gaitanes et le Caminito del Rey

D’Ardales à Valle de Abdalajís, je suis à nouveau dans les montagnes et il y a de belles montées. Avec le crochet que je fais pour voir de défilé des Gaitanes, je cumule près de 1500 mètres de dénivelés et 30 kilomètres. Le paysage est plus sec, plus méditerranéen. Il fait chaud, sûrement plus de 30°C l’après midi. Heureusement un petit vent atténue la chaleur dans la rude montée l’après midi après El Chorro. Arrivé au terme de l’étape, c’est la romería dans le village, la fête traditionnelle et le premier hôtel est complet. Après une journée de marche, ne pas trouver à se loger n’est pas une perspective réjouissante. Finalement, j’arrive à trouver.
Donc, autant dire qu’à Valle de Abdalajís, j’apprécie cette bière. Dans les villages andalous, la pression est à un euro. C’est le prix du café et finalement, un litre de bière coûte le même prix qu’un quart place du Capitole. Pourquoi se priver dans ces cas là ? Du quart place du Capitole ou du litre en Andalousie ? À vous de voir. 
Globalement, il y a une différence de prix importante (dans les endroits peu touristiques) avec la France. Une portion de tapas peut débuter à 0,80€, plus généralement à 1€ et avec 4 à 5 tapas différents, le repas est suffisant. Les petits hôtels comme hier et avant hier tournent autour de 15€/20€ en étant tout à fait corrects. À Valle de Abdalajís, la chambre est grande avec salle de bain. L’hôtel est sur une hauteur, au calme, avec une petite piscine. La chambre est là aussi à 20€. Donc des prix intéressants et notamment pour la bière. Justement puisqu’on l’évoque…

5 mai : Valle de Abdalajís – Antequera

Hier soir, je me suis décidé à aller faire un tour à la romería  Il y avait tout de même plus d’un kilomètre à pied pour y aller, ce qui fait tout de même pas mal après une journée de marche. À voir les mines de certains participants, ils avaient l’air, eux aussi fatigués. Cela sentait la fin de la fête ; la journée de samedi, la soirée puis la nuit n’avaient pas dû être de tout repos pour eux. 

Romería à Valle de Abdalajís
Romería à Valle de Abdalajís

Dans un grand espace en plein air les roulottes des participants étaient installées. Ce sont des groupes d’amis qui cotisent pour avoir leur roulotte. Ils font ensuite les romerias du coin, en prenant soin de charger la roulotte en victuailles et libations. Une sono en plus diffuse les tubes espagnols et des sévillanas. 
J’ai un peu discuté avec le « chef » d’une des roulottes. Comme souvent dans les conversations, le mot « crisis » arrive rapidement. La crise, l’Andalousie l’a prise de plein fouet. Pour lui, aujourd’hui, l’important est de gagner de l’argent au moins pour manger. Le reste est superflu et c’est sans espoir qu’il voit l’avenir. Entre les mines fatigués et cette conversation peu optimiste, ma romería n’a pas été très festive.
Je termine à Antequera mon parcours sur le GR7. Pas mal de bitume pour cette dernière étape mais à l’arrivée, ma première auberge de pèlerin à la paroisse de Santiago. Je vais maintenant suivre le camino Mozárabe.

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Camino Mozárabe à partir d’Antequera

6 mai : Antequera – Encinas Reales

Santiago 1165 kilomètres. C’est la distance depuis Antequera. C’est aussi pratiquement la même que celle parcourue en 2013 de Toulouse à Saint-Jacques en 40 jours. Autant dire que je suis presque arrivé !
J’ai retrouvé un chemin de Compostelle. Hier, je partageais l’auberge avec deux autres pèlerins, un couple tchèque, façon routard désargenté partis de Malaga.

Balisage sur le camino Mozárabe
Balisage sur le camino Mozárabe

Aujourd’hui, je suis des flèches jaunes sur des petites routes droites et plates. L’après midi, il fait une chaleur estivale. J’avance tout droit. Je suis sur le chemin.
Je marche 34 kilomètres jusqu’à Encinas Reales. Sur mon guide, il est marqué qu’on peut s’y loger. C’est en fait à l’intérieur du gymnase. J’attends 18h30 le retour de la police municipale pour y avoir accès.

7 mai : Encinas Reales – Cabra

Hier soir, à 18h30, la police municipale n’avait à me proposer qu’un coup de tampon sur mon crédential. Avec ça, je n’étais pas sûr de passer une bonne nuit. L’autre solution qu’elle me proposait, était de prendre le bus pour Lucena, la prochaine ville. C’était la solution de facilité mais non, je n’allais pas renoncer. Autant aller à Saint-Jacques en avion ! Marcher n’était pas envisageable. Lucena est à 20 kilomètres d’Encinas Reales et j’avais déjà 34 kilomètres dans les jambes. 
Il était 18h30 et il fallait trouver une solution. Poursuite des investigations…au bar à côté, ma situation semblait problématique. Même un garage pourrait me convenir. Un jeune m’en montre un, un débarras sans eau avec un cochon de l’autre côté de la porte. Avec mon GR7 essentiellement en hôtel, j’ai pris des goûts de luxe. J’ai donc diplomatiquement décliné sa proposition.
J’ai quand même une bonne étoile. Il était près de 19h30 quand on m’a orienté vers un autre bar qui m’a proposé un garage avec matelas, sommier, toilettes et douche ! Finalement, j’ai pu prendre mes quartiers vers 21 heures. La douche, la lessive et au lit et tant pis pour les nuits enfiévrées d’Encinas Reales.
La nuit a été bonne. J’ai décidé de partir plus tôt pour mieux profiter de la douceur matinale. Hier, la dernière partie, l’après midi a été pénible avec la chaleur et sans ombre. Je marche parmi les champs d’oliviers. Des dizaines de lapin détalent à mon approche. Il fait délicieusement bon. 

Champ d'oliviers sur une mer de coquelicots
Champ d’oliviers sur une mer de coquelicots

L’arrivée à Lucena par la zone d’activité est moins agréable. Ensuite, jusqu’à Cabra, je suis sur 12 kilomètres la voie verte aménagée sur l’emplacement d’une ancienne voie ferrée. La chaleur est montée et l’étape dépasse à nouveau les 30 kilomètres. À l’arrivée, après 2 nuits plus sommaires, je décide de casser la tirelire. Je me paye la pension Guerrero à 15€. Je profite d’une chambre individuelle, toute proprette avec ma salle de bain. Difficile de se débarrasser de ses goûts de luxe !

8 mai : Cabra – Baena

J’ai vu des nuages ce matin. C’est exceptionnel puisque ce sont les premiers que je vois depuis le départ. La météo est immuable depuis 15 jours : grand ciel bleu, minimales autour de 15°C, maximales au dessus de 30°C. Idéal pour marcher le matin mais trop chaud à mon goût l’après midi. Les prévisions à deux semaines sont les mêmes avec peut être une légère baisse des températures.
Donc ce matin, je suis un peu surpris par ces nuages. Ils sont suffisamment épais pour me protéger tout la montée jusque vers 1000 mètres d’altitude. Mais ce n’était finalement qu’une fausse alerte puisque dès 10 heures, la couverture nuageuse se déchire. J’ai évité le soleil pour la partie la plus difficile ; ensuite, je retrouve mes marques avec la chaleur un peu atténuée par le vent.
J’ai décidé, déjà, de quitter le camino Mozárabe et de suivre mon chemin. Il s’agit d’une infidélité pour la journée. Le chemin se poursuit normalement sur la voie verte, l’ancienne voie de chemin de fer. Cela a l’avantage d’être efficace mais l’inconvénient d’être monotone. Je préfère monter au dessus de Cabra à plus de 1000 mètres d’altitude pour suivre un sentier dans le parc naturel des Sierres Subbéticas.

Poljé de la Nava - Parc des Sierras Subbéticas
Poljé de la Nava – Parc des Sierras Subbéticas

Je ne regrette pas mon choix ; le paysage est varié ; en haut, le chemin traverse un agréable poljé avec ses près verdoyants (poljé : nom masculin. Du serbo-croate polje : plaine cultivable.  Dépression fermée d’origine karstique à fond plat et bordures escarpées) ; la chaleur est atténuée par l’altitude. Je redescends ensuite vers Zuheros, un beau village blanc à la sortie d’un canyon.
Je rejoins l’après midi Baena, sous le soleil, la chaleur et au milieu des oliviers. Revenons aux fondamentaux !

9 mai : Baena – Castro del Río

J’ai maintenant récupéré une autre branche du Camino Mozárabe, celle qui provient de Grenade. Du coup, la fréquentation s’en ressent. Nous étions deux à Baena hier. Cela m’a permis pour la première fois de partager le dîner avec l’autre pèlerin, un allemand.
À Castro del Río, j’ai retrouvé la tranquillité puisque je suis seul dans l’auberge que la municipalité met gracieusement à disposition des pèlerins.

Castro del Río
Castro del Río

L’étape a été courte. Demain, il s’agit d’une autre paire de manche. Il y a près de 40 kilomètres jusqu’à Cordoue. Le chemin ne traverse aucun village. Il descend vers le Guadalquivir, donc, toujours plus bas, sûrement plus chaud. 

10 mai : Castro del Río – Cordoue

Je suis parti tôt, guère après 6 heures du matin. Le jour commençait à poindre. Quelle est longue et monotone cette étape jusqu’à Cordoue. Cordoue se mérite. Il faut marcher près de 40 kilomètres. Les oliviers laissent la place aux champs de céréales. Il y a de moins en moins d’arbres au fur à mesure que l’on avance. Pas d’ombre. La chaleur écrase le relief et les couleurs. Je marche dans un paysage de petites collines avec une succession de descentes et de montées casse-jambes. Quand Cordoue apparaît, il faut encore marcher deux heures.
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L’arrivée est un soulagement et je ne me lance pas dans des longues recherches d’hébergement. L’auberge de jeunesse à côté de la mosquée fera l’affaire.

11 mai : Cordoue – Cerro Muriano

Cordoue est toujours aussi belle et la mosquée est certainement un des lieux les plus fabuleux sur la planète. Cordoue est aussi devenue très touristique. C’est la pleine saison. Les ruelles de Judería sont encombrées par les groupes. À l’intérieur de la cathédrale, l’ambiance est plus proche d’un centre commercial un samedi après-midi que d’un lieu de culte.

Mosquée de Cordoue
Mosquée de Cordoue

Deux options se présentaient à moi après la longue étape d’hier. La première était de rester à Cordoue une journée. J’en ai fait l’expérience à Reims. Jouer au touriste n’est pas de tout repos. Passer une journée ici, avec le monde et la chaleur, finalement non. Je choisis de continuer en me réservant deux petites étapes à venir. Cela permettra aux pieds de se rétablir. Une ampoule au talon est un bon indicateur de leur état de fatigue.
Je poursuis donc mon chemin. Cordoue était un jalon et j’ai l’impression de partir pour un nouveau chemin. Après Cordoue, avec la Sierra Morena, je commence à grimper dans l’Espagne de l’intérieur. Je quitte l’Andalousie des plaines et collines, l’Andalousie des villages blancs et des oliviers.
Après la rude étape de la veille, je retrouve avec plaisir un sentier dans un paysage escarpé. Les panoramas changent en avançant. Je marche à l’ombre des pins et des chênes verts. Je retrouve le calme de la nature et les chants des oiseaux. 
Je reste quand même en Andalousie. Ce dimanche, c’est jour de romería à Cerro Muriano. Comme à Valle de Abdalajís il y a une semaine, les andalouses ont revêtu leurs plus beaux atours. Au son des sévillanas, les habitants installent tables et chaises de camping dans les près autour de l’Ermita de Santa Maria de Los Pinares. Les barbecues commencent à chauffer. Pour moi, cela sera plutôt repos l’après midi.

12 mai : Cerro Muriano – Villaharta

Installé sur la terrasse de mon appartement, je profite du soleil avant qu’il ne fasse trop chaud. L’étape a été facile et courte. Je suis arrivé vers 12h30. La douche est prise, la lessive sèche au soleil. Comme hier, je suis logé dans un appartement. Cuisine, salle de bain, lits confortables avec draps impeccables, linge de toilette…je ne me plains pas. Hier l’appartement était très contemporain, aujourd’hui, il est meublé plus traditionnel. Les autres pèlerins ne sont pas trop gênants. A priori, le premier devant moi a 4 jours d’avance. Derrière, il doit y avoir l’allemand et le couple tchèque.
Je suis sur un chemin peu fréquenté et maintenant dans une région peu touristique. L’Espagne de l’intérieur, traditionnelle. Je suis venu un peu pour cela. Sur le Camino Francés, j’avais écrit que parfois, je n’avais pas l’impression d’être en Espagne. Ambiance cosmopolite, couvre-feu à 22 heures, on est un peu dans une bulle. Ici, au contraire, je n’ai pratiquement parlé qu’espagnol depuis mon départ.

Bar - épicerie à El Vacar
Bar – épicerie à El Vacar

Je m’arrête dans des petits bars dans des villages perdus. Je suis accueilli, comme ici à Villaharta, très simplement et chaleureusement. 
Il est pas loin de 14 heures et justement temps de passer à table, à l’heure espagnole.

13 mai : Villaharta – Alcaracejos

L’étape est longue, plus de 35 kilomètres. Elle emprunte en grande partie la Cañada Real Soriana. Ces voies, cañadas ou veredas, sillonnent la péninsule ibérique. Elles permettaient de faire transiter les animaux d’un point à l’autre. Elles étaient aussi utilisés par les voyageurs. Celle que j’emprunte fait environ 800 kilomètres et relie l’Andalousie, Séville et Cordoue avec le nord de l’Espagne dans la région de Soria. 

Cañada Real Soriana
Cañada Real Soriana

Elles sont en partie protégées et non goudronnées. Elles ont aussi la particularité de souvent tracer droit. Passé le col de Calatraveño, le paysage s’y prête. Le col est sur le passage de la Sierra Morena vers les plateaux intérieurs. Je vois de vastes étendues ; la végétation est plus sèche, plus chétives ; des chênes verts, des près, quelques fermes, il y a des paysages qui ne s’apprécient pas du premier coup… Il va falloir que j’y passe. C’est une des caractéristiques de cette Espagne intérieure. 
Je file donc droit sur la cañada. Heureusement la chaleur des derniers jours est atténuée par l’altitude (je marche autour de 600 mètres) et parfois par quelques nuages d’altitude. 
Arrivé à Alcaracejos, je ne fais pas le tour du village pour trouver la meilleure offre de logement. 35 kilomètres, cela commence à faire et le premier hôtel que l’on m’indique fera l’affaire. Il est un peu luxueux mais à 25€ la nuit reste tout de même abordable.

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Caminos de Guadalupe

14 mai : Alcaracejos – Santa Eufemia

La chaleur de ces derniers jours m’a un peu épuisé. Avant hier, la maximale relevée à Cordoue dépassait 36°C. C’est pas mal pour une première quinzaine de mai. Hier j’ai décidé de modifier mon itinéraire. Je vais essayer de tirer au plus droit vers le nord pour économiser quelques kilomètres et pour éviter de descendre trop en altitude. 
Mon programme jusqu’à Guadalupe est le suivant :
– les deux premiers jours, je devrais trouver de l’hébergement, il me reste à valider qu’il existe des chemins. Sur la carte, cela fonctionne mais j’espère sur le terrain que je ne vais pas tomber sur des barrières cadenassées.
– les jours suivants, je sais qu’il existe un chemin mais je n’ai pas trouvé d’informations sur les hébergements.
Je pars donc ce matin vers un peu d’incertitude. Ce qui est presque sûr, c’est que je ne devrais pas rencontrer grand monde sur ces chemins. Pour ma dernière soirée sur le camino Mozárabe, nous étions tout de même deux pour le dîner, un danois et moi.
J’avance presque en ligne droite, toujours sur des cañadas. Mon objectif, au fond de ces vastes étendues plates est une montagne au pied de laquelle se trouve Santa Eufemia.

En direction de Santa Eufemia
En direction de Santa Eufemia

J’y parviens après une étape normale pratiquement sans bitume de 27 kilomètres. Le chemin donc finalement passe bien. C’est plutôt du côté de l’hébergement que cela coince. Les patrons des hôtels où j’ai dormi avant hier à Villaharta et hier à Alcaracejos, m’avaient dit que cela ne poserait pas de problème. Mais l’hôtel Paloma de Santa Eufemia ne propose plus de chambres depuis 8 ans… C’est à la mairie que je trouve une solution. Ce soir, je dormirai dans la salle des fêtes. Un matelas installé sur la scène fera l’affaire. Je peux me laver et faire ma lessive dans les toilettes. J’ai donc tout le confort nécessaire.
Je suis maintenant au bout de l’Andalousie. Santa Eufemia est la commune située à son extrême nord. J’ai traversé la région en 20 jours du sud au nord. Sur ces 20 journées, j’en ai eu un aperçu varié avec des lieux renommés comme Cordoue ou Tarifa, des parcs naturels dans les montagnes, des villages blancs, des paysages verdoyants et des zones arides. Je termine sur une Andalousie de l’intérieur, rude et isolée. 

15 mai : Santa Eufemia – Almadén

Il y a des jours sans. Une turista la nuit, des maux de tête et les jambes ne portent plus. Il faut pourtant avancer et jusqu’à Almadén, il y a une bonne trentaine de kilomètres. Je retrouve du relief, des petites collines. Les oiseaux se rassemblent le long des vallées. Et il me vient à rêver d’étendues verdoyantes avec des rivières rafraîchissantes.

Río Guadalmez
Río Guadalmez

16 mai : Almadén

Jour de repos à Almadén. Almadén pourrait être un lieu improbable pour passer des vacances. Dans un coin de la province de Ciudad Real, c’est d’abord une cité minière. Bien sûr, j’ignorais tout de son histoire et finalement elle est intéressante. Les mines exploitées depuis l’époque romaine ont produit la plus grande quantité de mercure au monde. Il est écrit qu’un tiers de la quantité totale extraite en provenait. Avec la découverte de l’Amérique et l’exploitation de l’or et de l’argent, la ville connut son heure de gloire. Son école des mines est la plus ancienne d’Espagne (la 4ème au monde). Tout cela lui vaut un classement au patrimoine mondial de l’humanité.

Almadén
Almadén

Je ne me suis pas arrêté ici pour cela. La journée de repos est appréciée. Prendre le petit déjeuner tranquillement sans avoir à partir rapidement avant les fortes chaleurs. Manger dans un restaurant avec une nourriture pas trop grasse et sans chapelure…Et organiser la suite. 
Le camino de Guadalupe que j’envisageais s’avère compliqué pour l’hébergement. Je tente de recueillir des informations. Je rencontre des randonneurs à l’école des mines pour avoir des conseils. Je vais avoir à m’adapter. 
En gros, demain, je vais tenter de couper au plus droit pour faire les deux premières étapes en une. Cela devrait faire 35 kilomètres si je ne tombe pas sur des barrières et à Siruela, je devrais pouvoir me loger. Le jour suivant, je vais essayer de changer de chemin et passer de celui de los Mineros à celui del Levante. À Herrera del Duque et pour la suite, je devrais trouver à me loger. 
Mais je ne suis pas à l’abri de nouveaux changements…

17 mai : Almadén – Siruela

Marcher fatigué et sans la forme est très différent de marcher reposé et en bonne santé. Les 31 kilomètres de Santa Eufemia à Almadén m’ont paru pénibles, difficiles. Je suis arrivé épuisé au terme de l’étape, prêt à prendre le premier bus pour Madrid. Aujourd’hui, j’ai trouvé agréable les 36 kilomètres jusqu’à Siruela. Pourtant le paysage n’est pas foncièrement différent. Il y a un peu plus de relief mais ce ne sont pas les verts alpages suisses. 

Sierra de Siruela
Sierra de Siruela

Je suis en plus content de mon étape. Cela m’a permis d’éviter le problème de logement à Garlitos. Le raccourci pris était tout à fait pratiquable à défaut d’être peut être autorisé. Cela m’a permis de gagner près de 6 kilomètres et de faire une étape quasiment normale.
Je suis sensé être sur les chemins de Guadalupe mais hormis sur internet, ils sont assez virtuels. Il n’y a pas de balisage et sur certains passages, une machette ne serait pas superflue. Sans trace GPS, ils sont irréalisables. Avec, j’arrive à m’en sortir. 
L’autre problème est toujours l’hébergement. J’ai évité Garlitos pour cette raison. Mais arrivé à Siruela, l’hostal est complet. Il y a bien une luxueuse maison d’hôte mais non. Je demande à plusieurs habitants. Certains, comme souvent me renvoient au prochain village à 15 kilomètres. J’arrive finalement à voir le curé. Mon secours viendra de lui. Cette nuit, ce sera dans les salles de catéchisme au presbytère. 

18 mai : Siruela – Herrera del Duque

Extremadura. J’ai définitivement quitté l’Andalousie et après un court passage en Castilla la Mancha, je suis rentré, hier, dans cette région. Extremadura, le nom ne fait pas rêver. Les services touristiques de la région partent déjà avec un handicap. La région devrait être pour moi la transition entre l’Espagne du sud et celle du nord. Les paysages ne sont guère différents du nord de l’Andalousie mais je vais passer plusieurs petits massifs montagneux qui devraient marquer des transitions. 

Le matin après Siruela
Le matin après Siruela

L’Extremadura veut me montrer qu’elle mérite son nom. Déjà hier, c’est à l’entrée de cette région que le sentier se perdait dans les broussailles. J’ai du faire le sanglier. Pourtant, pour une fois, j’étais sur un sentier officiel. 
Aujourd’hui, étape « Extremadura ». C’est la première fois que des portails et clôtures me bloquent mais là, on est en Extremadura. Les clôtures font 3 mètres de haut et sont surmontées de barbelés. Les portails sont du même acabit agrémentés de multiples panneaux signalant que oui, il est interdit d’aller au delà. Je ne peux pas passer par les chemins que je souhaitais emprunter. L’ensemble de la zone et ses chemins ont été « privatisés ». Je tourne un peu en rond, bloquant toujours sur les mêmes obstacles. Je marche dans les broussailles, je franchis de multiples clôtures et portails moins hauts. Au prix d’un dernier portail de 2 mètres de haut, que cette fois j’escalade, je finis par passer en zone libre. Il ne me reste plus qu’à suivre le chemin jusqu’à Herrera del Duque. 
41 kilomètres tout de même pour cette étape. Le positif est que je suis en forme et que normalement, je devrais suivre définitivement des chemins et trouver des hébergements.
Cela restera quand même une journée Extremadura.

19 mai : Herrera del Duque – Castilblanco

L’étape d’Herrera del Duque à Castilblanco est courte et facile. Le chemin est bon. Je n’ai pas de clôtures à franchir ni de portails à escalader. À Castilblanco, il y a une auberge tout à fait confortable qui propose des lits à 15€. Il y a de la place. Résultat, je n’ai rien à raconter.

Castilblanco
Castilblanco

Il ne me reste plus qu’à parler de la pluie et du beau temps. Un journal écrivait l’autre jour que ce mois de mai était le plus sec depuis 1974. C’est simple, il n’est pas tombé une goutte d’eau. Le temps est en train de changer. La température a baissé. Des nuages noirs parsèment le ciel. Et une goutte d’eau est tombée. Une goutte d’eau est tombée, elle a touché le sol et elle s’est tout de suite évaporée. C’était l’histoire de la journée.

20 mai : Castilblanco – Guadalupe

Guadalupe
Guadalupe

J’en ai déjà croisé, il y a deux ans, des pèlerins qui sont passés par Guadalupe. Martyr d’Erzindjan, évêque d’Anatolie qui est passé, après Rome, à Aix la Chapelle. Il a poursuivi son pèlerinage à Canterbury, Compostelle puis Guadalupe avant de rentrer en Anatolie en passant par Rome. C’était dans la dernière décennie du XVème siècle. À la même époque, en 1494-95, Jérôme Munzer, pèlerin allemand, « fait » aussi Guadalupe après Saint-Jacques. C’est lui qui à son retour, écrira lors de son passage à Toulouse : Et bien que ceux de Compostelle disent avoir Saint-Jacques chez eux, ils ne se basent que sur la crédulité pour affirmer cela. Les toulousains en revanche ont l’histoire pour eux, selon le témoignage de laquelle Charlemagne, après avoir vaincu l’Espagne, en emporta Saint Jacques et de nombreuses reliques qu’il distribua dans toute la Gaule.
Les parcours de ces pèlerins sont impressionnants. Il est aussi émouvant de les imaginer, cinq siècles plus tôt montant vers la colline de Guadalupe. Ils obligent aussi à la modestie les pèlerins d’aujourd’hui. Je marche depuis moins de quatre semaines. Je suis allé de Toulouse à Tarifa en avion et bus. Aujourd’hui de Castilblanco à Guadalupe, je suis content de moi. L’étape faisait 35 kilomètres et à l’arrivée, quand même fatigué, j’ai fait la visite en bonne et due forme du monastère et du village de Guadalupe. Mais je dois m’incliner. Martyr d’Erzindjan, Jérôme Munzer : respect !

21 mai : Guadalupe – Castañar de Ibor

Je suis passé à Guadalupe et, après 4 semaines de sécheresse, la pluie s’est mise à tomber. Cette nuit, des épisodes de vent fort et d’averses se sont succédés. Ce matin, la pluie m’a accompagné quand je démarrais. Suffisamment en tout cas pour être trempé.

Départ sous la pluie à Guadalupe
Départ sous la pluie à Guadalupe

J’ai redécouvert des affaires soigneusement rangées et oubliées au fond de mon sac, un poncho, une polaire, un pantalon long. J’ai redécouvert de nouvelles sensations, marcher sous la pluie, le froid. À 1000 mètres d’altitude, j’ai pique-niqué rapidement. Cette fois ce n’était pas le besoin d’arriver avant les fortes chaleurs qui m’a fait accélérer. La limite pluie-neige était annoncée à 1600 mètres, guère plus haut de l’endroit où je me trouvais ; le vent soufflait en rafale ; et c’est bien le froid qui m’a fait accélérer.
Je suis passé à Guadalupe et je continue à avancer. Comme hier, 35 kilomètres supplémentaires en direction du nord. Cette fois, dans les montagnes, sur des chemins agréables dans les forêt de pins, chênes et châtaigniers. Et finalement, je m’en suis bien tiré. Trempé au départ et à l’arrivée, j’ai presque passé le reste de la journée au sec.

22 mai : Castañar de Ibor – Bohonal de Ibor

Je suis maintenant un habitué des auberges espagnoles. Depuis mon départ, je commence à en avoir fréquenté un certain nombre. Curieusement, elles sont soit vides soit complètes et ainsi, finalement, j’y suis souvent seul. 
Sur ces chemins isolés, les villages sont espacés souvent de plusieurs dizaines de kilomètres et je n’ai guère le choix. Quand j’arrive au terme de l’étape, j’ai toujours un moment d’inquiétude avant de trouver un endroit pour me loger.
Le weekend peut poser un problème. C’était le cas à Siruela avec un enterrement de vie de garçon, à Montejaque, village touristique ou à Valle d’Abdalajís avec la romería.
L’autre situation est de me retrouver le seul client de l’établissement comme à Jimena de la Frontera, Cuevas del Becerro ou hier soir. Pourtant l’hôtel Solaire de Castañar de Ibor est un établissement assez grand, tout à fait convenable. Dans la grande salle à manger, j’ai dîné seul à ma table devant la télévision espagnole. Pendant le repas, la grand mère et le couple de propriétaires regardaient un programme de jeux télévisuels.
L’autre particularité est cette télévision constamment allumée de l’ouverture à la fermeture. Premier client au restaurant de Santa Eufemia, j’ai bien dit au serveur que ce n’était pas la peine de l’allumer. Mais il a insisté, en prévision de l’arrivée d’autres clients. Il lui semblait certainement que les clients hésiteraient à passer le pas de la porte s’ils n’entendaient pas le bruit rassurant du programme télé. J’ai finalement passé tout mon repas…seul devant le journal de la mi-journée.

Village abandonné de La Avellaneda
Village abandonné de La Avellaneda

Ce soir, à Bohonal de Ibor, je dors dans un hôtel assez important, en bordure d’une route passante. Il devrait y avoir plus de monde que ces derniers jours.

23 mai : Bohonal de Ibor – Talayuela

Ce matin, je traverse le Tage sur un pont au dessus de la vaste retenue d’eau de Valdecañas. J’ai traversé le Guadalquivir à Cordoue, le Guadiana, il y a quelques jours à Castilblanco. Des grands fleuves espagnols qui s’écoulent d’est en ouest, il ne me restera plus que le Douro à traverser à Zamora. Avec la traversée du Tage, je fais un pas important vers le nord de l’Espagne.

La Sierra de Gredos fin mai
La Sierra de Gredos fin mai

Les Sierras de Gredos et de Béjar, couvertes de la neige fraîche tombée ces derniers jours sont juste en face de moi. Je vais les franchir dans deux jours. La Campiña cordouane avec ses 35°C est maintenant loin derrière moi. Pourtant, j’y étais, il y a moins de deux semaines. Lundi, j’aurai rejoint la Via de la Plata. Je vais sûrement revoir du monde sur cette voie. En tout cas, sur les chemins de Guadalupe, je n’ai absolument croisé personne. Ah si, ce matin un villageois qui promenait son chien et deux vététistes.

PS : pour compléter les histoires d’hébergement sur les chemins de Guadalupe, j’étais finalement bien le seul client de l’hôtel de Bohonal de Ibor. Ce soir, à Talayuela, l’hôtel a fermé. Je me suis replié sur les salles de catéchisme de la paroisse… Vivement la Via de la Plata et ses auberges pour pèlerins.

24 mai : Talayuela – Cuacos de Yuste

Je termine ces rudes chemins de Guadalupe au monastère de Yuste. Il a une histoire intéressante puisque l’empereur Charles Quint, le grand empereur qui régnait sur un empire où le soleil ne se couchait jamais, y a fini ses jours. Après son abdication, il a choisit de s’y retirer. Son corps sera transféré quelques années plus tard dans un lieu plus prestigieux, l’Escorial, que son fils fit construire.

Monastère de Yuste
Monastère de Yuste

Que diable était-il venu faire dans ce coin perdu d’Extrémadure ? Je pourrais me retourner la question. J’aimerais pouvoir partager mon expérience avec d’autres personnes qui ont aussi fait ces chemins. Mais, je suis peut être le premier… 
Encore aujourd’hui au monastère de Yuste, lieu de départ d’une des voies, la personne à l’accueil avait l’air d’ignorer tout de ce chemin. Visiblement, elle n’avait jamais vu de marcheurs le faisant. Quand je lui ai demandé un tampon sur mon crédential, je crois que j’ai atteint le summum de la surprise. Je n’ai finalement même pas eu droit au tampon de l’entreprise. J’ai essuyé un refus poli. 
Au village, à la pension, qui n’avait pas d’eau chaude, le propriétaire n’a pas voulu me louer la chambre. J’ai beau eu lui expliquer qu’en tant que pèlerin, je pouvais me contenter de peu. Cela a eu le don de l’agacer et il m’a expliqué que le chemin pour les pèlerins ne passait pas par là. Je me suis rabattu sur un hôtel dans la gamme au-dessus.
Finalement, j’ai presque été surpris ce matin, que la paroissienne vienne m’apporter du café et des churros pour mon petit déjeuner.
Sur ces chemins, je suscite au mieux de l’indifférence et au pire de la méfiance. Je suis loin de l’Espagne bling-bling de Marbella, festive d’Ibiza ou opulente de Catalogne. 
Ce parcours est finalement intéressant pour cela. Une immersion dans une Espagne de l’intérieur avec ses villages perdus, ses populations vieillissantes et pratiquement pas de touristes. Une découverte d’une Espagne qui est un peu passée à côté du grand bond que le pays a connu après son adhésion à l’Europe. Une Espagne un peu refermée sur elle même.
Quand on est passé à Santa Eufemia ou à Talayuela, on peut dire que l’on connaît une nouvelle facette du pays. Hier, Talayuela ne m’a pas fait rêver. Petite ville avec 30% d’immigrés, elle donne l’impression que les deux populations s’observent, ne se mélangent pas et se méfient l’une de l’autre. 
Ce soir, Cuacos de Yuste est plus séduisant.  Au pied des montagnes, avec ses vergers, ses forêts et ses torrents, le paysage est plus riant. Le village a conservé son centre ancien. Quelques touristes se promènent et je me sens moins un extra-terrestre.

25 mai : Cuacos de Yuste – Cabezuela del Valle

Je franchis aujourd’hui la Sierra de Gredos et demain la Sierra de Béjar pour rejoindre la Via de la Plata. Pour cette première étape, je marche sur le chemin de Charles Quint. C’est celui qu’il aurait emprunté pour rejoindre le lieu de sa retraite, le monastère de Yuste. L’étape est belle. Je marche d’abord au milieu des vergers avec des cerisiers ployant sous les fruits et des oliviers plantés sur des faysses à flanc de montagne. Ensuite le chemin traverse des forêts de chênes et châtaigniers. Puis la végétation se fait plus rare avant de passer le col à 1475 mètres. Je ne suis plus très loin de la neige tombée ces derniers jours.

Puerto de las Yeguas
Puerto de las Yeguas

La température est fraîche, très agréable pour marcher. Le sentier est bon, bien balisé. Les torrents dévalent les montagnes puis je retrouve les cultures et à nouveau les flancs de colline couverts de cerisiers. 
Enfin à l’arrivée, je trouve à me loger facilement. C’est sûr qu’une journée comme cela est très différente de la traversée des vastes étendues des Pedroches avec plus de 30°C, sans ombre et sans hôtel au bout. Les 30 kilomètres de la journée avec environ 1200 mètres de dénivelés font du coup une étape agréable.

26 mai : Cabezuela del Valle – Puerto de Béjar

À 14h10, j’ai trouvé une flèche jaune au sol. Ça y est me voilà à nouveau sur un Chemin avec un grand C. La Via de la Plata va de Séville à Saint-Jacques. Elle fait partie des voies relativement populaires ; je regarde donc devant moi puis derrière moi pour voir si j’aperçois un pèlerin. Personne devant et personne derrière. Je vais bien finir par en voir un, échanger quelques mots en espagnol, en français, en anglais. Même en russe ou en portugais s’il le faut. Je m’étais pourtant préparé ; dans la superbe châtaigneraie avant Hervás, j’avais trouvé un bâton. C’était le premier bout de bois bien droit que je trouvais depuis mon départ. Avec cela, oui je ressemblais à un pèlerin. Manque d’expérience, à mon premier arrêt, dans un bar d’Hervás, je l’ai oublié.

Chemin dans la châtaigneraie d'Hervás
Chemin dans la châtaigneraie d’Hervás

Mes premiers pas sur la Via de la Plata me font penser que la voie n’est pas si fréquentée que cela. Je marche au milieu d’une végétation dense digne de ma première journée sur les chemins de Guadalupe. La suite le long d’une route ressemble plus à un chemin de Saint-Jacques. Je décide de poursuivre un peu plus loin qu’initialement prévu. Je passe le Puerto de Béjar et quitte l’Extremadure. Je suis maintenant en Castille et León. J’ai l’impression d’avoir fait un grand pas en avant. La prochaine étape sera la Galice. Saint-Jacques n’est plus qu’à 560 kilomètres.
Je trouve aussi à nouveau une auberge de pèlerin. Celle du col de Béjar est très confortable : chambre de deux avec draps et serviettes de bain. La transition avec mes hôtels se fait en douceur. Et surprise, je retrouve des pèlerins…

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Via de la Plata

27 mai : Puerto de Béjar – Fuenterroble de Salvatierra

Plus qu’un chemin de pèlerinage, la Via de la Plata est d’abord une ancienne voie romaine. Elle était alors un axe important de circulation notamment de Mérida à Astorga. Certaines parties de la voie sont conservées ou réhabilitées et de nombreuses bornes miliaires jalonnent le parcours.

Borne miliaire sur la Via de la Plata
Borne miliaire sur la Via de la Plata

C’est devenu aujourd’hui une voie de pèlerinage assez parcouru. Nous étions 8 hier soir à l’auberge de Puerto de Béjar, 3 hollandais, un couple germano-anglais et un cycliste russe. Cela fait plaisir de partager son repas le soir avec d’autres personnes. Le patron du bar de Valverde de Valdelacasa me disait que certains jours, une trentaine de personnes traversaient le village.
À Fuenterroble de Salvatierra, je suis dans une auberge traditionnelle avec donativo, dortoirs de 8 lits superposés, repas en commun, messe à 19 heures. En plus, comme après ce village, il faut parcourir 28 kilomètres pour retrouver un lieu d’hébergement, l’auberge est pratiquement une étape obligatoire. Nous sommes donc une petite quinzaine à loger ce soir. Cela fait beaucoup de monde par rapport à mon premier mois de marche ! Je retrouve en tout cas l’ambiance des chemins de Compostelle.

28 mai : Fuenterroble de Salvatierra – Morille

Après l’étape d’hier soir, à l’auberge de Fuenterroble de Salvatierra, le repas pris en commun et l’ambiance très « Compostelle », j’ai une étape qui est tout aussi caractéristique.

Via de la Plata après Fuenterroble de Salvatierra
Via de la Plata après Fuenterroble de Salvatierra

J’ai laissé derrière moi la Sierra de Béjar et ses sommets enneigés. Je suis en plein sur le plateau central. Le chemin est presque rectiligne et plat. Il y a peu de dénivelés, quelques petits mamelons, une montée à 1200 mètres, c’est tout. Le temps est gris. Avec l’altitude, il fait frais. Autant dire que dans ces conditions, j’avance. La moyenne est élevée et les kilomètres défilent. Je ne peux quand même pas parcourir les 50 kilomètres jusqu’à Salamanque ce soir. Je m’arrête à Morille, dernière auberge avant après 32 kilomètres. 

29 mai : Morille – Salamanque

Avec 19 petits kilomètres, l’étape fait vraiment partie des plus petites de mon parcours. Elle est en plus, comme hier, droite et plate.

Via de la Plata avant Salamanque
Via de la Plata avant Salamanque

L’objectif était d’arriver reposé à Salamanque pour pouvoir tranquillement profiter de la ville. L’objectif est atteint. À 11 heures, je suis devant la cathédrale. Il ne me reste plus qu’à prendre mon temps. 
J’en profite d’autant plus que la suite me réserve une série de longues journées.
Salamanque. Le pont romain et la cathédrale
Salamanque. Le pont romain et la cathédrale

30 mai : Salamanque – El Cubo de la Tierra del Vino

Les kilomètres défilent. Le ciel est gris, il fait frais, le vent souffle. Sur le chemin, peu de points pour accrocher le regard.

Via de la Plata après Salamanque
Via de la Plata après Salamanque

Passé Salamanque, je vais avancer quelques jours sur cette meseta. Je vais abattre les kilomètres. 38 pour aujourd’hui. Dans trois jours, je devrais obliquer vers l’ouest. Dans deux semaines, je devrais arriver à Saint-Jacques de Compostelle.

31 mai : El Cubo de la Tierra del Vino – Zamora

Le compteur vient de dépasser les 1000 kilomètres. J’ai à nouveau parcouru un peu plus de 30 kilomètres sur la meseta, sans pratiquement aucune montée. À Zamora, je traverse le Douro. Au nord, maintenant, il ne reste plus qu’à monter progressivement pour franchir une dernière chaîne de montagne, ultime prolongement de la Cordillère Cantabrique.
J’ai l’impression que depuis Salamanque, il y a plus de pèlerins. L’auberge hier était complète avec une majorité d’espagnols. Jusqu’à maintenant, ils étaient rares. La tablée pour le dîner était même 100% basque. Au moins, cela permet d’entretenir mon espagnol. Mais quand la discussion a dérivé sur la politique, je me suis discrètement éclipsé.

Zamora
Zamora

À Zamora, l’auberge est magnifique. Elle a été aménagée dans un vieux bâtiment restauré dans le centre historique de la ville. J’étais le dixième à arriver, il devrait bien y avoir une vingtaine de personnes ce soir.

1er juin : Zamora – Riego del Camino

Cette partie de la Via de la Plata est désespérément plate. J’aspire à du relief. Après Zamora, le chemin est en ligne droite sur près de 20 kilomètres. Quelques petits changements de direction, des petits mouvements de relief, c’est à peu près tout.  

Montemarta - Ermita de la Virgen del Castro
Montemarta – Ermita de la Virgen del Castro

Ensuite la partie après Montamarta ravira les spécialistes du génie civil mais pourra laisser insensible les autres. Elle longe en effet le chantier d’une autoroute en construction.
Demain, je quitte la via de Plata. Sur la partie que j’ai empruntée, une fois laissé derrière la Sierra de Béjar et ses sommets enneigés, je suis resté un peu sur ma faim. Les passages à Salamanque et Zamora valent la peine. Le reste du parcours est un peu monotone. 
Après avoir testé le GR7, le camino Mozárabe, les chemins de Guadalupe et la Via de Plata, je vais découvrir le camino Sanabrés.

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Camino Sanabrés

2 juin : Riego del Camino – Tábara

Quand on a passé une nuit à Riego del Camino, Santa Eufemia ou Cuevas del Becerro, on peut dire que l’on connaît l’Espagne profonde. L’auberge de Riego del Camino est toute sommaire mais finalement agréable. Nous ne sommes que 5, les deux basques qui, depuis Salamanque, suivent les mêmes étapes que moi, un allemand et un autre espagnol. Le soir, nous dînons au bar Pepe, le seul bar du village. Il est resté « dans son jus » depuis des dizaines d’années, probablement depuis son ouverture. En cette fin de dimanche après-midi, autour de quelques tables usées par le temps, les vieux du village jouent aux cartes. La patronne a la rudesse de l’accueil de ces endroits reculés où marketing, panier moyen sont bien sûr des concepts complètement inconnus. Nous dînons dans une vieille salle à manger. La table est revêtue d’une toile cirée. L’ensemble du repas est préparée avec des produits maison, y compris le chorizo et le porc. La patronne finalement soigne sa clientèle et nous offre sa petite liqueur à la fin du repas.

Panorama sur le río Esla
Panorama sur le río Esla

Comme pour marquer la fin de la Via de la Plata, le paysage s’est animé aujourd’hui. Autour du río Esla, je redécouvre du relief. Des rochers tombent en falaise sur la rivière. Le chemin se transforme en petit sentier. Cette partie du parcours est belle. Cela fait plaisir après tant de pistes droites. Il s’agit d’un court répit car je les retrouve peu après. L’étape est malgré tout plus agréable que les précédentes. Raisonnable avec 31 kilomètres, elle se termine à Tábara, jolie petite ville avec tous les services.

3 juin : Tábara – Rionegro del Puente

J’ai bien avancé aujourd’hui avec 41 kilomètres. En fait, j’ai coupé à un endroit et cela m’a permis de gagner 10 kilomètres et d’éviter deux étapes de 25. 41 kilomètres, cela n’a rien d’exceptionnel. Un français est arrivé hier après en avoir fait 51. Les deux basques avec qui je partage les étapes depuis Salamanque, en ont fait 58 sur un précédent camino. Une hollandaise, qui n’a rien d’une superwomen, plus âgée que moi, a enchainé 50 kilomètres puis 40 sur cette Via de la Plata.

Arrivée à Rionegro del Puente avec la Sierra de la Cabrera en vue
Arrivée à Rionegro del Puente avec la Sierra de la Cabrera en vue

Donc rien d’exceptionnel si ce n’est que j’arrive au bout de la meseta. J’ai à nouveau des sommets enneigés en toile de fond. Je vais longer la Sierra de la Cabrera et ses 2000 mètres les prochains jours. 

4 juin : Rionegro del Puente – Puebla de Sanabria

J’ai diné hier soir à l’Association Gastronomique de Rionegro del Puente. C’était mon meilleur repas depuis mon arrivée en Espagne. Le chef est passionné par la cuisine. Cela se voit et cela se déguste. Avec un prix faible de 10€, il arrive à faire des merveilles. 

Dîner à l'Asociación Gastronómica de Rionegro del Puente
Dîner à l’Asociación Gastronómica de Rionegro del Puente

Un groupe de cyclistes andalous était aussi à l’auberge hier et comme souvent avec des andalous le repas était joyeux. Il s’est terminé dans la bonne humeur à coup de chupitos (le petit digestif souvent servi dans les restaurants en Espagne). Parti tôt pour cette longue étape, ils m’ont dépassé en cours de matinée et nous nous sommes quittés comme les meilleurs amis du monde.
J’ai encore bien avancé aujourd’hui. Demain je rentre en Galice. Le paysage, le relief, l’architecture, la végétation sont maintenant plus proche de cette région que de la meseta que je traverse depuis plusieurs jours. Je vais maintenant pouvoir profiter de ces nouveaux paysages avec en plus des étapes raisonnables les prochains jours.

5 juin : Puebla de Sanabria – Lubián

Je suis parti content pour une étape de montagne ; je suis arrivé déçu par un parcours souvent sur la route. Avec les travaux du TGV, le chemin est coupé par endroit et on est renvoyé sur la nationale. Résultat, beaucoup de bitume et 4 kilomètres supplémentaires. Je m’attendais à une étape raisonnable de moins de 30 kilomètres, je reste finalement sur une journée à 32.
L’Espagne est en crise mais elle a poursuit certains gros travaux dont on peut douter de la nécessité. Ce TGV desservira un bout de Galice. Dans cette vallée, passent déjà la nationale sur laquelle j’ai marché. Il s’agit d’une large route souvent à 3 voies avec des grands viaducs, un tunnel et quasiment aucune voiture l’emprunte. En effet, elle est doublée par une autoroute gratuite. Quand on passe dessus celle-ci, il arrive de n’y voir aucune voiture. Il y a en plus la voie de chemin de fer classique et donc le futur TGV. 

Nationale et autoroute vers le col de Padornelo
Nationale et autoroute vers le col de Padornelo

Au moins Vigo et cette pointe de l’Espagne sera bien relié au reste du pays et à l’Europe…

6 juin : Lubián – A Gudiña

Ça y est, cette fois, je suis rentré en Galice. Il y a en fait deux cols à passer. Celui d’hier, le Padornelo et aujourd’hui le Portela da Canda qui marque la limite entre la Castille y Léon et la Galice.

Portela da Canda - Entrée en Galice
Portela da Canda – Entrée en Galice

Autant la journée d’hier était décevante avec son parcours sur la nationale, autant l’étape de Lubián à A Gudiña est agréable. La montée au col se fait sur un agréable sentier de montagne en forêt. Côté Galice, le chemin est bien aménagé. Il descend tranquillement passant par des petits villages, des landes et des forêts. J’ai en plus évité la pluie et je peux tranquillement me reposer l’après midi alors qu’il se met à pleuvoir.
Il me reste maintenant une petite de marche jusqu’à Compostelle.

7 juin : A Gudiña – Laza

Plus l’été approche, plus j’ai l’impression de m’enfoncer dans l’hiver. La Campiña de Cordoue écrasée par 35°C, les Pedroches brûlés par le soleil sont loin derrière moi. Un vent frais souffle. L’atmosphère est chargée d’humidité. Je marche les mains dans les poches dans le brouillard. La veste polaire est, on ne peut plus nécessaire. 

Camino Sanabrés entre A Gudiña et Laza
Camino Sanabrés entre A Gudiña et Laza

Le paysage passe d’une ambiance un peu lugubre quand les crêtes sont balayées par le vent et que la brume masque le paysage à des moments lumineux quand un léger rayon de soleil éclaire un vallon ou le lac en contrebas.
Ce coin de Galice est isolé. Je traverse des hameaux à moitié abandonnés à 1000 mètres d’altitude. Beaucoup de maisons tombent en ruine. Avec le mauvais temps d’aujourd’hui, ces villages sont sinistres.
Cette journée dans cette ambiance, cette atmosphère, ce parcours en montagne est une des belles étapes du chemin.

8 juin : Laza – Xunqueira de Ambía

Au fur et à mesure que je m’approche de Santiago, le nombre de marcheurs, cyclistes et pèlerins augmente. À Laza, les pèlerins portugais ont fait leur apparition. Ils arrivent par un chemin de l’est du pays. Les auberges sont quasiment pleines. On retrouve un peu l’ambiance du Camino Francés avec ses avantages et ses inconvénients. 

Bar El Rincón del Peregrino à Alberguería
Bar El Rincón del Peregrino à Alberguería

Demain à Ourense, je vais rentrer dans les 100 derniers kilomètres. J’espère ne pas trouver le même phénomène qu’à partir de Sarria avec sa cohorte de groupes d’espagnols en quête de leur Compostelle.

9 juin : Xunqueira de Ambía – Ourense

Le chemin de Compostelle n’est pas seulement des champs d’oliviers sur des mers de coquelicots. Il y a aussi les entrées de ville avec leurs Polígonos Industriales. C’est le cas pour Ourense, dernière grande ville avant Saint-Jacques. L’étape est pratiquement entièrement sur bitume et au fur et à mesure que l’on approche de la ville, l’urbanisation est de plus en plus présente. 

Polígono Industrial de San Cibrao das Viñas
Polígono Industrial de San Cibrao das Viñas

Les chauffeurs des camions et voitures qui passent doivent s’interroger sur le plaisir que nous prenons à marcher dans cet environnement. Cela fait partie du chemin, voilà tout. Sur plus de mille kilomètres, il ne peut pas y avoir un émerveillement permanent.

10 juin : Ourense – Monastère d’Oseira

Après l’auberge d’Ourense, pleine avec ses 40 personnes, ses groupes bruyants, je savoure le plaisir du calme du monastère cistercien d’Oseira. Comme San Juan de la Peña, comme Leyre, c’est un petit détour sur le chemin. Cela suffit pour dissuader la majorité des marcheurs. Tant mieux pour moi. Tant pis pour eux. Le monastère est assez impressionnant, immense, massif avec ses murs en granit. Il n’y a que 13 moines dans cette grande bâtisse. 

Auberge au monastère d'Oseira
Auberge au monastère d’Oseira

L’auberge est dans une belle salle voûtée. Il y fait certes plus froid qu’à Ourense mais nous ne sommes que 8. Le groupe de policiers portugais qui discute en continu de 6 heures du matin jusqu’à minuit n’est pas là. À 21 heures 30, tout le monde est déjà installé dans son lit et il règne un silence de cathédrale.

11 juin : Monastère d’Oseira – Silleda

Au fur et à mesure que je monte vers le nord, je trouve que les espagnols sont de plus en plus accueillants. Dans le sud, je rencontrais souvent de l’indifférence et parfois de la méfiance ; ils me prenaient certainement pour un extra-terrestre, très éloigné de leurs préoccupations. Ici, facilement, les galiciens entament une discussion pour savoir d’où on vient, comment se passe la marche. Ils sont plus habitués à voir des marcheurs. Cette après-midi, j’ai même été invité pour boire le café avec l’eau de vie d’ici, l’oruro.

Église Santiago de Taboada
Église Santiago de Taboada

J’ai encore bien avancé aujourd’hui. Près de 40 kilomètres de plus et il m’en reste plus qu’autant jusqu’à Saint-Jacques. Normalement cela sera pour demain.

12 juin : Silleda – Santiago

Forcément l’arrivée à Saint-Jacques est différente de la première fois. Déjà, c’était la première fois. Ensuite, c’était l’objectif de mon chemin. 3000 kilomètres à marcher dans cette direction. Cette fois, il s’agit plutôt d’un passage au cours de mon périple. Enfin le Camino Francés a, pour moi, une dimension historique beaucoup plus forte que la Via de la Plata. 

Arrivée à Compostelle
Arrivée à Compostelle

C’est quand même une belle satisfaction. Il m’a fallu 47 jours de marche depuis Tarifa pour traverser l’Espagne. Une Espagne diverse avec ses villages blancs en Andalousie, ses sommets enneigés, ses vastes plateaux, la verte Galice… Le compteur vient de dépasser les 1400 kilomètres et ce n’est pas fini…

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Camino Inglés

13 juin : Santiago – Hospital de Bruma

Vous imaginez un repas de famille. Vous êtes déjà bien repu. Du foie gras, des huîtres, le plat de résistance, une salade verte, du fromage et voilà qu’arrive le dessert ! Je suis dans cette situation. Je dois dire que le gâteau a l’air appétissant : marcher sur la côte nord de Galice avec en plus du beau temps annoncé. J’avais l’impression d’avoir suffisamment mangé mais finalement j’attaque le dessert avec de l’appétit ! Et comme je suis gourmand, je prends d’entrée un gros morceau : 41 kilomètres jusqu’à Hospital de Bruma. 
Ce n’était pas ce qui était initialement prévu ce matin. Je me suis levé tranquillement. Un petit tour dans les rues de Santiago, le petit déjeuner en lisant le journal, et puis je me suis décidé. La messe des pèlerins est à midi. Le botafumeiro qui balance dans la nef de la cathédrale, les flashs qui crépitent, les applaudissements, je connais. En plus depuis deux jours, la température est redevenue estivale et je préfère profiter de la douceur matinale pour marcher. 
Et puis l’appétit vient en mangeant ! La première auberge à Sigüeiro est atteinte après 16 kilomètres. Pas suffisant. Il faut dire que cette première part était bonne. Le corps est en forme. Sorti de Saint-Jacques et de sa banlieue, le parcours est souvent sur des chemins agréables et ombragés. Et me voilà avec une bonne première part de dessert. Rassasié ? Pas sûr.

Camino Inglés à l'envers...
Camino Inglés à l’envers…

14 juin : Hospital de Bruma – Betanzos

Hier encore l’auberge de Bruma était complète. Le groupe était très cosmopolite : espagnols, italiens, français, portugais, slovène entre autres. Arrivé tard, je me suis contenté d’un matelas de sport posé dans la cuisine. C’est tout de même mieux que dormir sur le carrelage des salles de catéchisme de Siruela ou Talayuela. 
L’auberge de Betanzos est elle, superbe. Un vieux bâtiment rénové il y a un peu plus d’un an. Des éléments en pierre comme un ancien évier, une cheminée, les encadrements des portes et fenêtres, les charpentes en bois lui donne beaucoup de cachet. Surprise, après une auberge pleine, je suis dans une auberge vide. Il semble que je vais être seul ce soir.
Je peux m’installer tranquillement et, après une étape plus courte que les précédentes,  profiter de l’après midi pour visiter cette belle ville.

Betanzos
Betanzos

15 juin : Betanzos – Neda

C’est dimanche. Le temps est estival et la chaleur est agréablement atténuée par une légère brise marine. Le chemin est à flanc de colline offrant de belles vues sur la ria de Betanzos. Puis à la sortie d’une forêt d’eucalyptus, la ria s’ouvre largement et l’océan apparaît. L’océan Atlantique que j’ai laissé à Tarifa le 26 avril à Tarifa.

Pontedeume
Pontedeume

La plage de Pontedeume appelle à la paresse. Je m’arrête un long moment. La baignade, elle, est rapide. L’eau est encore fraîche. Après cette longue pause, je reprends pour mes derniers pas sur le Camino Inglés.

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Côte Nord de Galice

16 juin : Neda – Cedeira

Je quitte avec un certain plaisir les chemins de Compostelle. J’ai eu ces derniers jours un petit cocktail varié d’auberges : celle de Bruma, complète mais bien tenue, celle de Betanzos, superbe, très propre où nous n’étions que deux et enfin hier soir celle de Neda. Déjà elle n’était pas particulièrement propre. Quand je suis arrivé, un espagnol était installé avec son chien. Le chien était très tranquille mais pour des raisons d’hygiène, c’est en principe interdit. Enfin à 21h30, un groupe de 26 adolescents espagnols a débarqué. C’était largement au delà de la capacité de l’auberge mais tout le monde s’est installé. Les accompagnateurs n’étaient pas stressés : arriver à 21h30 avec 26 ados sans avoir de garantie sur la disponibilité…Le groupe est allé dîner et est revenu à l’auberge vers 23h30, largement après l’heure normale de fermeture à 22 heures. De toutes façons, l’hospitalier lui est arrivé pour enregistrer les arrivants vers 22 heures 30, heure où la majorité des marcheurs dorment déjà. Pour terminer le groupe de 26 adolescents s’est couché (cela ne peut pas se faire sans bruit…) et le ronfleur professionnel s’est mis en route.
Bref, me voilà à nouveau seul. En plus, là où je m’attendais à avoir des difficultés pour trouver des chemins agréables, je tombe sur un parfaitement balisé. Il s’agit du Camino de Teixido. San Andrés de Teixido est un lieu de pèlerinage réputé en Galice. Un proverbe dit : « A San Andrés de Teixido, va de muerto quien no va de vivo ». En gros, tout le monde va un jour ou l’autre à Teixido.
Je marche dans des forêts d’eucalyptus. Parfois, un point de vue permet de dominer la ria de Ferrol ou la côte nord. Et c’est quasi certain, je vais marcher solitaire pendant quelques jours. J’avais déjà noté, il y deux ans, que les marcheurs se concentraient sur quelques voies alors que des chemins superbes étaient déserts. 

Cedeira
Cedeira

Je profite de cette belle journée et m’arrête dans une pension très correcte à Cedeira. Je suis au bord d’une plage de sable blanc, dans un petit port galicien. Pendant ce temps, des dizaines de marcheurs sont en train d’attendre la fin de l’après midi dans un village perdu de la meseta après une journée à avancer tout droit sur de vastes étendues.

17 juin : Cedeira – Ortigueira

J’enchaîne les belles journées. Le temps est toujours idéal et ce coin de Galice est superbe. Sur cette étape, je marche en Norvège, dans les Alpes, en Bretagne. Des montagnes, des forêts de pins et d’eucalyptus, des falaises vertigineuses…Elles seraient même les plus hautes d’Europe continentale (même si elles ne sont pas vraiment verticales). En effet, le point culminant de la Sierra de Capelada culmine à 611 mètres et il tombe directement dans la mer.  

San Andrés de Teixido
San Andrés de Teixido

Un sentier sauvage sur les crêtes et dominant l’océan m’amène au dessus de San Andrés. L’arrivée sur Teixido est sublime avec le petit village surplombé par la Sierra. Je redescend ensuite sur l’autre versant et il me faut faire encore le tour de la ria jusqu’à Ortigueira. Je termine fatigué par cette longue étape mais vraiment enchanté par le paysage et par ce chemin.

18 juin : Ortigueira – Porto de Bares

18 juin, 53ème jour de marche, 1624 kilomètres parcourus, 31500 mètres de dénivelés.
Sans commentaires, juste quelques photos.

Tarifa - pointe sud de l'Espagne - 26 avril
Tarifa – pointe sud de l’Espagne – 26 avril

Punta Estaca de Bares - pointe nord de l'Espagne - 18 juin
Punta Estaca de Bares – pointe nord de l’Espagne – 18 juin

Plages de Mazorgán et San Antonio
Plages de Mazorgán et San Antonio

Falaises de Loiba
Falaises de Loiba

Plage d'Esteiro
Plage d’Esteiro

19 juin : Porto de Bares – Viveiro

Journée tranquille après une série de longues étapes. Je fais un petit 30 kilomètres et arrive à Viveiro à 14 heures pour le déjeuner. L’après midi, je visite la ville.

Viveiro
Viveiro

Le temps se dégage, le soleil fait son apparition et j’en profite pour passer un moment à la plage. J’ai l’impression d’être en vacances. L’étape de demain risque d’être un peu plus ardue.
 
20 juin : Viveiro – Foz

Après une journée tranquille, l’étape jusqu’à Foz fait partie de celles qui font plaisir. D’abord parce que les chemins envisagés sur carte sont bien passés avec même moins de bitume qu’attendu. J’ai emprunté certains passages de pistes dans des forêts d’eucalyptus. L’Andalousie était sillonnée de kilomètres et kilomètres de clôtures, barrières, barbelés, grillages. La Galice est plus ouverte. 

Dans les forêts d'eucalyptus entre Viveiro et Burela
Dans les forêts d’eucalyptus entre Viveiro et Burela

La suite du chemin réserve moins d’incertitudes. Demain, un chemin longe la côte et la plage des cathédrales et je vais rejoindre Ribadeo, la ville où le camino Norte s’enfonce dans les terres.
Ensuite, je suis content parce que j’ai bien avancé. Avec les détours et les erreurs, j’ai marché 45 kilomètres. Arrivé à Burela après 28 kilomètres, j’ai décidé de poursuivre. S’il y avait eu des possibilités d’hébergement entre Burela et Foz, je me serai arrêté, mais je n’ai rien trouvé sur cette partie de la côte. J’ai donc fait une grosse journée sans arriver à l’agonie. Une longue pause à la mi-journée sur une plage m’a permis de récupérer. 
Le corps est en forme. Le matériel commence à souffrir. Les chaussures ont fait plus de 3000 kilomètres et sont très rapidement mouillées. Le trio tee-shirt, caleçon et chaussettes, à force de lavage à la main est bien usé. Le sac à doc, lui, a 5000 kilomètres et présente des signes de fatigue.
Enfin, dernier motif de satisfaction, l’étape était belle malgré un temps incertain. J’ai réussi à éviter le gros des orages de l’après midi et suis arrivé à Foz, pas trop trempé.

21 juin : Foz – Ribadeo

C’est ma dernière journée en Galice. J’ai marché plus de deux semaines dans cette région avec pratiquement que du beau temps. C’est assez exceptionnel pour cette région qui a un climat poche de celui de la Bretagne. 
Ma première journée galicienne était dans la brume avec de la pluie en fin d’étape. La dernière a reproduit le même schéma. Rapidement une brume côtière est arrivée. Par beau temps, le parcours le long de la mer doit être superbe notamment du côté de la plage des cathédrales. Les rochers ont des formes de contreforts, percés qui s’appuient sur la falaise. Avec la brume, cela avait un côté un peu mystérieux. 

Plage des Cathédrales à Ribadeo
Plage des Cathédrales à Ribadeo

À Ribadeo, je rejoint le camino norte et retrouve une auberge. Elle est petite et nous serons au complet. Après plusieurs nuits à l’hôtel, je me suis habitué à mon confort et cela me paraît presque bizarre de dormir à nouveau dans un dortoir. Hier soir, l’hôtel de Foz était vraiment une super adresse. J’ai finalement payé le tarif en demi-pension avec repas complet, vin, petit déjeuner, chambre très propre avec salle de bain, télévision, wifi pour 25€ l’ensemble… L’auberge à 6€ est comparativement presque chère. 

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Des Asturies au Pays Basque

22 juin : Ribadeo – Navia

Sur la côte nord de Galice, j’ai marché sans chemins balisés en utilisant des traces GPS téléchargées et en étudiant les cartes IGN. À partir de Ribadeo, je ne manque pas d’options. Il y a d’abord sur les cartes un GR et le chemin de Compostelle, sachant que les tracés sur les cartes ne correspondent parfois pas à la réalité. Il y a ensuite sur le terrain le GR-E9. Il est balisé de manière très aléatoire. Il y a des panneaux sur des parties sans embranchement. Il y a des embranchements sans panneau. Il fait parfois presque des boucles ou indique des crochets à faire en aller-retour. Cela est assez frustrant quand l’objectif est d’avancer.
Il y a enfin le Camino Norte ou plutôt les Caminos. Il y a des variantes sur ce secteur. On peut se retrouver donc avec des flèches jaunes un peu dans tous les sens. Il est déjà pas facile de suivre le chemin à l’envers. Cela devient déconcertant dans cette situation.
J’ai donc passé la journée à jongler avec les tracés sur les cartes, les flèches jaunes dans tous les sens, les secteurs sans aucune indication…J’ai quand même réussi à avancer avec notamment une superbe partie en milieu de journée.

Le GR E9 après la plage de Porcía
Le GR E9 après la plage de Porcía
Le chemin descend au niveau de la mer, monte au sommet des falaises offrant de beaux points de vue. Puis le temps s’est couvert, il a commencé à pleuvoir. J’ai retrouvé le Camino, plus direct et ai rejoint Navia. Après l’auberge de pèlerins de Ribadeo et ses ronfleurs, j’ai « replongé » et ai repris un hôtel. Il n’y a pas d’auberge à Navia, cela m’évite d’avoir mauvaise conscience.

23 juin : Navia – Puente Canero

Je poursuis mes vacances sur la côte nord de l’Espagne. De Navia, au Camino qui passe à l’intérieur des terres, je préfère le sentier littoral. Certes, il est plus long mais il est magnifique. Petits ports de pêche, plages désertes, falaises…c’est mon quotidien depuis plusieurs jours et je ne me plains pas.

Luarca
Luarca
Le temps est toujours incertain mais une belle éclaircie en milieu de journée me permet de faire une longue pause sur la plage. Je me baigne, traine au soleil puis reprend le Camino. Il n’y a plus de sentier littoral, j’avance donc dans la campagne asturienne jusqu’à mon étape pour ce soir, encore un hôtel. C’est vraiment les vacances !

24 juin : Puente Canero – El Pito (Cudillero)

La plus grosse partie de la journée, cela a été ça :

Camino Norte après Soto de Luiña
Camino Norte après Soto de Luiña

Une ancienne nationale pratiquement sans voiture depuis la construction de l’autoroute, un temps gris, parfois de la bruine et les kilomètres qui défilent.
Après une quarantaine de kilomètres, un petit rayon de soleil et le passage par Cudillero, un pittoresque port de pêche avec ses maisons accrochées aux pentes des collines…et la journée a été sauvée.
Cudillero
Cudillero

25 juin : El Pito (Cudillero) – Escamplero

Nouvelle journée dans la grisaille. J’en profite pour avancer. J’ai décidé de m’approcher le plus possible d’Oviedo afin de pouvoir passer une journée tranquille à visiter la ville. Après un dernier petit bout de sentier côtier, je m’enfonce dans les terres et grimpe dans les collines entre la mer et la capitale des Asturies. À cette altitude, je suis dans les nuages. Dans le brouillard, sous le vent,  je traverse de hameaux isolés, pauvres et perdus dans un paysage montagneux. Le port de Cudillero avec ses touristes et ses terrasses de café est loin derrière moi.

Jour de brouillard sur le Camino
Jour de brouillard sur le Camino
C’est guère réjouissant mais ce sont les conditions idéales pour faire des kilomètres. Avec les erreurs de parcours, j’en ai fait 45 quand j’atteins l’auberge d’Escamplero. 
Je suis maintenant sur le camino Primitivo. Pour une dizaine de kilomètres jusqu’à Oviedo, je vais le parcourir. Il complète mes bouts de chemins après ceux de Guadalupe, Mozárabe, Via de la Plata, Sanabrés, Inglés…

26 juin : Escamplero – Oviedo

« Qui a esté à Sainct Jacques et n’a esté à Sainct Salvateur, a visité le serviteur et a laissé le seigneur. » C’est Charles Estienne au milieu du XVIème siècle qui l’écrit dans son Guide des Chemins. Au moins, je suis allé à Saint-Jacques et à la cathédrale San Salvador d’Oviedo. Les reliques attiraient de nombreux pèlerins sur la route ou au retour de Compostelle. Elles étaient suffisamment réputées pour que de nombreux pèlerins fassent le détour de León vers Oviedo. Ils traversaient les montagnes, visitaient la cathédrale, poursuivaient jusqu’à Ribadeo et revenaient à l’intérieur des terres pour aller à Santiago (ou dans le sens inverse). Parmi les reliques, il y a notamment comme pièce majeure le suaire du Christ.

Cathédrale d'Oviedo
Cathédrale d’Oviedo
 
Je profite d’une petite journée de marche pour visiter Oviedo. Outre la cathédrale, ses reliques et son trésor, plusieurs églises préromanes sont superbes. Elles datent du IXème siècle et sont classées au patrimoine mondial de l’humanité. Le royaume des Asturies est le seul endroit d’Espagne à n’avoir jamais été sous domination musulmane. Cela a permis la construction d’églises qui sont parmi les plus anciennes encore conservées.

27 juin : Oviedo – Monastère de Valdediós

Après la ville d’Oviedo, le monastère de Valdediós est, on ne peut plus paisible. Au fond d’un vallon, les vastes bâtiments monastiques sont maintenant vides. Les derniers moines sont partis en 2012. Une auberge rustique accueille les pèlerins. Nous y sommes cinq ce soir.

Église San Salvador de Valdediós (IXéme siècle)
Église San Salvador de Valdediós (IXéme siècle)
Enfin, une église préromane, dernier exemple de cette architecture complète le tableau. Elle est parfaitement harmonieuse et le cadre verdoyant autour renforce cette impression de paix. Les chants des oiseaux sont les seuls bruits dans ce vallon. Le monastère de Valdediós est une belle étape sur le chemin !

28 juin : Monastère de Valdediós – La Isla

Dans le calme du monastère de Valdediós, j’ai passé une excellente nuit. Je repars en plein forme en direction de la côte. Le temps est à nouveau gris et il commence à pleuvoir en milieu de journée. Les averses parfois fortes se succèdent. Mes chaussures ont complètement perdu leur étanchéité. Il faut dire que les trous à l’avant n’en finissent plus de s’agrandir. Sur une des chaussures, le trou fait bien 3 centimètres…

Église préromane de San Salvador de Priesca sur le Camino Norte
Église préromane de San Salvador de Priesca sur le Camino Norte

Je termine cette longue journée à La Isla. Bien trempé, je me serais bien arrêté avant, notamment au port de pêche de Lastres, mais je ne suis pas passé devant un hôtel. Finalement, c’est plutôt une bonne chose puisque la soirée à l’auberge de La Isla est très agréable. Je partage le repas et le vin avec une bonne tablée internationale avec français, allemands, un anglais et un américain.

29 juin : La Isla – Ovio

Je ne comprends pas pourquoi le Camino Norte ignore ainsi de superbes portions du littoral. Dans la volonté de suivre parfois un tracé historique, il reste sur des routes, verts peu fréquentées mais ce sont des routes et en plus à l’intérieur des terres. J’essaie de privilégier le sentier côtier. Il est, certes, un peu plus long mais certaines parties sont superbes. C’est le cas aujourd’hui où je retrouve un temps plus ensoleillés et me régale le long de la côte. Je traverse de belles plages, je longe des falaises. À un endroit, la mer quand elle est forte rejaillit, comme des geysers, par les infractuosités du relief karstique.

Plage de Cuevas del Mar
Plage de Cuevas del Mar

Je termine cette journée dans une confortable casa rural où j’ai une chambre très confortable avec salle de bain, télévision, vue sur la mer pour la très acceptable somme de 15€.

30 juin : Ovio – Buelna

Asturies, paradis naturel, c’est le slogan de la principauté. L’étape d’aujourd’hui montre que pour une fois le message publicitaire n’est pas faux. Je ne sais pas de quel côté regarder. À droite, les Picos de Europa avec encore un peu de neige. À gauche, la mer parfois turquoise, les plages de sable blanc, les falaises. En face, la campagne, verte avec de petites églises et les esthétiques greniers à céréales des Asturies. 
En plus, j’ai la chance de faire cette étape avec un beau soleil jusqu’en milieu d’après midi. Bref, la journée sera à classer parmi les plus belles.

Picos de Europa
Picos de Europa

Castro de las Gaviotas ou Islote Desfuracado
Castro de las Gaviotas ou Islote Desfuracado

Llanes
Llanes

1er juillet : Buelna – Cóbreces

Je quitte les Asturies, paradis naturel, pour entrer en Cantabrie. Les jours se suivent et ne se ressemblent pas. Aujourd’hui, c’est ciel gris avec souvent de la pluie. Le Camino s’éloigne de la côte et je n’ai pas trouvé d’option en bord de mer. Alors je l’ai suivi. La plupart du temps, il est sur du bitume. Parfois, quitte à être sur du bitume, je suis allé au plus direct. Aujourd’hui, j’ai avancé, j’ai marché, j’ai marché et j’ai marché. La pluie ? Le bitume ? Les nouvelles chaussures ? Sûrement un peut de tout cela, en tout cas, il me reste 46 kilomètres de moins pour rejoindre la frontière.

San Vicente de la Barquera
San Vicente de la Barquera

2 juillet : Cóbreces – Santa Cruz de Bezana

Le temps continue sur sa tonalité grise. La pluie continue à faire ses apparitions. Je continue à avancer. Le Camino fait ses méandres sur des routes bitumées alors je cherche à aller plus directement et avec moins de bitume. Je m’en sors pas trop mal aujourd’hui avec presque 10 kilomètres de moins que le Camino et des portions de pistes forestières. 

Santillana del Mar
Santillana del Mar

Dans cette journée, Santillana del Mar est le point d’attraction. C’est la ville des 3 mensonges : ni sainte, ni plate (Llana) et ni au bord de la mer. Elle est néanmoins très belle avec notamment une belle collégiale romane. Je suis maintenant dans la banlieue de Santander. Encore un bon pas en avant.

3 juillet : Santa Cruz de Bezana – Laredo

L’auberge de Santa Cruz de Bezana était sûrement une de mes dernières auberges espagnoles dans l’esprit du chemin. Nous étions hier soir 17, un peu de toutes nationalités autour de la table pour le dîner. La soirée s’est un peu prolongée plus que d’habitude autour du piano.
Ce matin, le pas est moins léger mais je traverse Santander à un bon rythme. J’utilise un nouveau moyen de transport : le bateau. Légère entorse aux règles, c’est un bateau à moteur. Pour le reste, la traversée des rivières et, sur ce chemin, des nombreuses rias était une des préoccupation du pèlerin. Il y avait peu de ponts. Les récits des pèlerins racontent ces traversées avec leurs prix et les bateliers pas toujours prévenants.
Passé Santander, je retrouve un beau paysage côtier. Avec le beau temps revenu, j’en profite pour faire une longue pause à la mi-journée et me baigner.

Plages de Galizano et Langre cavec Santander au fond
Plages de Galizano et Langre cavec Santander au fond
Je poursuis ensuite pour une longue marche. Le prochain bac entre Santoña et Laredo ne fonctionne que de 9 heures à 19 heures. Si je dors trop près du bac, il me faudra attendre le matin la première traversée. J’arrive à Santoña à 19 heures, juste pour le dernier passage de la journée. Ensuite, il reste tout de même 4 kilomètres à marcher le long de la plage pour rejoindre le centre de Laredo. Du coup, le compteur explose et à la fin de la journée, j’ai cumulé 52 kilomètres à pied et 6 supplémentaires en bateau.

4 juillet : Laredo – Castro Urdiales

J’ai un peu l’impression d’être en vacances. Après une semaine à une moyenne de 40 kilomètres par jour, je ne fais même pas 30 kilomètres aujourd’hui. J’arrive donc suffisamment tôt à Castro Urdiales. En plus, je loge dans une pension qui a l’avantage d’être dans le centre. Castro Urdiales est une belle petite ville. C’est ce jour le Coso Blanco, une fête importante. Je ne sais pas si je vais bien en profiter. Le défilé débute à 23 heures. 

Castro Urdiales
Castro Urdiales

Je passe une après-midi tranquille avec plage, baignade, visite de la ville et le match de football en fin de journée. Ce 4 juillet était une journée de vacances avec 29 petits kilomètres.

5 juillet : Castro Urdiales – Plentzia

Le Coso Blanco à 23 heures était trop tard pour moi. Par contre ce matin, quand je quitte Castro Urdiales, il y a encore du monde dans les rues. Ce sont les fêtards qui rentrent se coucher. 
Je suis maintenant au Pays Basque, ma dernière région espagnole après l’Andalousie, un tout petit passage en Castilla La Mancha, l’Extremadura, Castilla y León, la Galice, les Asturies et la Cantabrie. 
De Cantabrie au Pays Basque, le paysage côtier continue d’être magnifique. La côte est découpée avec de nombreuses falaises. Je ne fais qu’effleurer Bilbao et traverse la ria sur le pont transbordeur de Portugalete.

Pont transbordeur de Portugalete
Pont transbordeur de Portugalete

Comme ils annoncent du mauvais temps pour demain, autant profiter de cette belle journée. Je flirte à nouveau avec les 50 kilomètres presque intégralement en front de mer. 

6 juillet : Plentzia – Bakio

Comme prévu, le temps est gris mais il ne pleut pas. Je continue à longer les falaises sauvages.

Phare de Gorliz
Phare de Gorliz
Après Armintza, je suis le GR-123 tour de la Biscaye. Comme naturellement pour un GR en Espagne, il est très mal balisé. Pour moi, il est impossible à suivre sans GPS. Heureusement, j’ai téléchargé une trace qui m’est d’un grand secours. Le chemin monte au milieu des forêts d’eucalyptus. Des pistes partent dans toutes les directions sans la moindre indication. 
Vers midi, la pluie annoncée arrive. Rapidement, elle devient forte. Je préfère écourter l’étape et m’arrête à Bakio. Il serait dommage de continuer à marcher et de ne pas profiter de ce morceau de côte basque. Demain sera un autre jour.

7 juillet : Bakio – Lekeitio

Qu’est ce qui fait une bonne journée ? Le temps qui se lève et le soleil qui illumine la campagne et la côte basque. Des beaux paysages de collines, petits ports, côte découpée.

Traversée de la ría à Mundaka
Traversée de la ría à Mundaka
Des incertitudes levées avec une traversée en bateau de la ría à Mundaka qui m’évite un long détour. Des chemins qui remplacent la route que je pensais suivre. Des chants basques partagées avec deux femmes sur le bord du chemin. Les petites discussions avec les commerçants en faisant ses courses. La bière le soir confortablement installé sur un fauteuil face à la mer alors que le soleil se couche sur Lekeitio.

8 juillet : Lekeitio – Zarautz

Le temps à un impact important sur mes étapes. Ce matin, le temps était gris mais sec. Pour marcher, c’est très bien mais je me dis que c’est dommage car cette partie est très belle. Vers Mutriku, il a commencé à pleuvoir. Pas de grosses averses mais suffisamment pour se poser la question de poursuivre ou pas l’étape. Je ne suis pas pressé au point de marcher mouillé et sans profiter du paysage.
Puis le temps s’est bien dégagé. Du coup, j’ai à nouveau fait une grosse étape de 48 kilomètres. Mais j’ai profité de cette belle lumière avec ciel gris et rayons de soleil. L’appareil photo a, à nouveau, pas mal fonctionné.

Plage de Zarautz
Plage de Zarautz

Enfin, je me suis arrêté suffisamment tôt pour arriver avant un orage. Le temps des prochains jours n’invite pas à un grand optimisme. On va voir…

9 juillet : Zarautz – Hondarribia

C’était un 26 avril. Le ciel était bleu limpide. La température était agréable. Le vent soufflait. C’est normal, c’était à Tarifa. Près de 2 millions et demi de pas plus loin, je quitte cette Espagne sans plus de formalité, sans champagne. Et pourtant… 74 jours de marche, les villages blanc, les andalouses qui dansent la sévillana à la romería de Valle de Abdalajís,  les champs d’oliviers, les colonnes de la mosquée de Cordoue, les Pedroches déjà grillés par le soleil, les espagnols avec qui une discussion arrive toujours au mot « crisis », la neige sur la Sierra de Gredos, les kilomètres qui défilent sur la Meseta, les soirées dans ces villages perdus de Santa Eufemia, d’El Cubo de la Tierra del Vino ou de Riego del Camino, puis à nouveau des montagnes, les brumes de Galice, les falaises et plages de sable blanc de la côte nord, les sommets enneigés des Picos de Europa, les chants le soir à l’auberge, les collines et montagnes vertes du Pays Basque. 
Et voilà, ce 9 juillet, le dernier pas pour monter dans la navette Hondarribia-Hendaye. C’est fini.
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4 réflexions sur « Récit – traversée de l’Espagne »

  1. Bravo Jean-Marc pour cette nouvelle aventure ! Direction St Jacques en provenance de la pointe Sud ? Je ne manquerai pas de suivre tes pas via caminaire. Profite bien de l’Andalousie et de son ambiance que Michel Del Castillo a magnifiquement décrites dans son livre « Andalousie ». Je te souhaite un bon cheminement …avec de belles rencontres . Bises de nous 4. Jocelyne.

  2. coment ca va mon ami? somos el grupo de jerez de la frontera, nos alegra de ver que nos has puesto en tu blog, mañana llegamos a Santiago…bon chemin

  3. Bravo pour ce périple et merci de vos conseils lors de notre rapide rencontre sur le chemin. Vous nous aviez conseillé de prendre le Gr121 de elorriaga à Deba plutôt que le tracé du chemin du nord et nous ne l’avons pas regretté!!! Fantastique!

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